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Archive for the ‘Politique agricole’ Category

L’Union Européenne lance une grande consultation sur l’agriculture biologique auprès des citoyens et des entreprises européennes. J’ai rempli le questionnaire et ai parfois été gêné par les questions demandant s’il fallait accroître les contrôles sur les agriculteurs biologiques en précisant bien que cela risquait d’augmenter le prix des produits agricoles. Je regrette que seul les agriculteurs biologiques fassent l’objet de contrôle notamment sur le niveau de résidus en pesticides. Les agriculteurs traditionnels sont-ils aussi tenus de calculer et de publier le taux de résidus de pesticides sur leur production?

Nous vous incitons néanmoins à répondre à ce questionnaire en cliquant sur le lien suivant:

Questionnaire en ligne

Contexte – L’agriculture biologique dans l’UE

L’agriculture et la production biologiques jouent un rôle économique important dans le paysage agricole européen. Elles peuvent offrir des débouchés commerciaux aux producteurs agricoles qui souhaitent répondre à la demande croissante de produits de qualité respectueux de l’environnement.

Dans le cadre de la politique agricole commune, la production biologique est soutenue par le budget, les politiques et la législation de l’Union européenne. Cette approche vise à renforcer la confiance des consommateurs, tout en créant les conditions d’une concurrence équitable entre les producteurs de produits biologiques dans les 27 États membres. Les dispositions relatives à la production biologique sont énoncées dans le règlement n° 834/2007 du Conseil et le règlement n° 889/2008 de la Commission .

L’agriculture biologique n’utilise qu’une partie relativement limitée de la superficie agricole de l’Union européenne — environ 5 % — mais ce secteur est en pleine expansion du fait d’une demande en croissance constante. Avec la crise économique, les consommateurs continueront-ils de s’orienter vers un mode de vie plus durable et de privilégier les produits biologiques?

Cette consultation permettra à la Commission européenne de recueillir vos avis sur la meilleure manière de développer l’agriculture biologique.

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L’agriculture biologique est en général plus profitable que l’agriculture conventionnelle. C’est la conclusion d’un article publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture en 2009 et dont le Centre d’Agriculture Biologique du Canada relaie les conclusions. L’auteur, Noémi Nemes (1), a examiné les résultats de plus de cinquante études qui comparaient l’économie des agricultures biologique et conventionnelle.

Aux États-Unis et en Europe, les fermes biologiques sont généralement plus profitables que les fermes conventionnelles à cause des prix plus élevés pour les produits biologiques et/ou du moindre coût des intrants. Dans les pays en développement, la marge de profit est plus grande pour les fermes biologiques parce qu’elles ont de meilleurs rendements et obtiennent des prix plus élevés comparativement aux fermes non biologiques.

On dispose de peu de statistiques en France sur ce sujet mais les quelques études qui ont été menées tendent à corroborer la tendance identifiée au niveau mondial par la FAO. C’est le cas notamment de l’étude menée chaque année par la Chambre d’Agriculture Régionale des Pays de la Loire. Cette étude compare les revenus pour chaque catégorie d’agriculteurs entre exploitations bio et non bios. Novethic dans un article de septembre 2011 a lu cette étude et en conclut que dans cette région qui se place au 2ème rang français en termes de surface, les agriculteurs bio (tous secteurs confondus) ont eu en moyenne un résultat annuel de * 33 178 € contre 21750 € pour leurs collègues conventionnels du Maine et Loire. Pour les producteurs de lait bio par exemple, le prix du lait payé est resté stable aux alentours de 430€/1000L contre 290€/1000L pour le lait conventionnel, précise l’étude. Ce qui leur assure un résultat de 25 365 € contre 12 325€ pour leurs collègues.

L’étude de la FAO explique ce phénomène par plusieurs facteurs.

Les coûts de production sont généralement moins élevés pour les fermes biologiques. La plupart des études européennes ont montré que les frais d’exploitation variables sont de 60 à 70 % moins élevés en agriculture biologique, mais que les coûts fixes sont plus élevés en comparaison des fermes conventionnelles. Dans l’ensemble, les coûts totaux de production des fermes biologiques sont moindres.

Des marges brutes supérieures. La plupart des études européennes et canadiennes ont révélé des marges brutes similaires ou supérieures pour les fermes biologiques. Les fermes biologiques ont des rendements inférieurs, mais cela est compensé par des frais d’exploitation plus bas et de meilleurs prix pour les produits biologiques.

L’auteure de la FAO montre que la comparaison de la rentabilité entre agriculture industrielle et agriculture biologique est faussée par les interventions gouvernementales. Dans la plupart des pays, les politiques gouvernementales procurent des bénéfices plus avantageux aux fermes conventionnelles. Les subventions sont pour la plupart conçues pour la production agrochimique intensive et à grande échelle, et génèrent des prix artificiellement plus bas pour les produits conventionnels. Une étude américaine, par exemple, a montré que « sans ces subventions gouvernementales, les rendements financiers en production biologique étaient de 143% supérieurs à ceux de la production conventionnelle, et que, quand les paiements gouvernementaux étaient pris en compte, les bénéfices engendrés par la production biologique étaient « seulement » de 78 % supérieurs aux bénéfices de la production conventionnelle.

De surcroît la profitabilité, mentionne Nemes, va au-delà du bilan financier. L’agriculture comprend plusieurs coûts environnementaux, sociaux et sanitaires qui ne sont pas factorisés dans les équations de base du calcul des profits et pertes. Les coûts environnementaux incluent les dommages causés par l’érosion du sol, la pollution de l’eau et la destruction des habitats fauniques. En général, l’agriculture conventionnelle contribue davantage à ces problèmes mais n’en paie pas les coûts associés, encourus par l’ensemble de la société.

En conclusion l’auteure explique que

“L’agriculture biologique fait face à une compétition non équitable sur les marchés à cause de:

L’effet de distorsion des programmes actuels de subvention qui favorisent la production conventionnelle;

L’accès inégal aux services de vulgarisation et de recherche;

L’échec à comptabiliser les vrais coûts environnementaux, sociaux et sanitaires dans les prix des aliments conventionnels sur les marchés. »

Si les subventions et les services de vulgarisation étaient moins biaisés en faveur de la production conventionnelle, les rendements en production biologique pourraient augmenter et l’agriculture biologique deviendrait encore plus profitable. Si les coûts actuels (p.ex. les conséquences environnementales, sociales et liées à la santé) de l’agriculture étaient pris en compte, la vraie profitabilité de l’agriculture biologique pourrait être mesurée.

(1) Nemes, Noémi. 2009. “Comparative analysis of organic and non-organic farming systems: a critical assessment of farm profitability.” Food and Agriculture Organization of the United Nations. Natural resources management environment department.

ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/011/ak355e/ak355e00.pdf

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Lors du colloque « Produisons autrement », le ministre de l’Agriculture a réaffirmé sa volonté de faire de la France le futur leader de l’agro-écologie.

Illustration de l'idée de permaculture/Agro-écologie

Illustration de l’idée de permaculture/Agro-écologieleader de l’agro-écologie.

« Ce n’est pas un débat purement agricole que nous avons, c’est un débat de société sur nos modèles de développement, à l’aube du XXIème siècle. (…) Jusque-là, l’agriculture biologique, les labels se sont construits dans la contestation. Ce qu’on cherche aujourd’hui, c’est une capacité à concilier les grands enjeux en rassemblant tous les acteurs », a déclaré Stéphane Le Foll, en clôture du colloque « Produisons autrement », organisé le 18 décembre au Conseil économique, social et environnemental à son initiative.

Cette déclaration fait suite à un certain nombre d’autres déclarations du ministre qui nous laisse espérer un changement d’orientation dans la politique agricole de la France. Au mois d’octobre 2012, à l’occasion d’une audition publique sur le maïs génétiquement modifié NK 603, Mr Le Foll déclarait qu’il fallait ouvrir le débat au-delà de l’étude du professeur Séralini et de la question des OGM. « La question est de savoir quels modèles de développement, quels modèles agronomiques nous voulons », a-t-il déclaré, précisant que pour lui, les OGM mis à disposition des agriculteurs (résistants à certains herbicides ou à certaines maladies) ne constituaient pas la bonne voie. « Je veux que la France soit le leader de l’agroécologie » a-t-il lancé.

Quelques semaines plus tard sortait une étude  consacrée au biomimétisme dans laquelle le Commissariat général au développement durable (CGDD) identifie les pratiques actuelles  communément regroupées sous le terme agro-écologie et estime qu’elles pourraient être mieux diffusées dans les exploitations et territoires.

Dans ce rapport le CGDD s’interroge sur l’applicabilité de ces pratiques à grande échelle et conclut qu’elles ne sont pas utopiques, mais bien opérationnelles.

« L’approche éco-mimétique de l’agriculture repose sur l’idée que la structure et/ou le fonctionnement des écosystèmes naturels peuvent être des modèles à imiter pour concevoir les systèmes agricoles (ou aquacoles). Cette approche part de l’hypothèse qu’il est possible de construire des agro-écosystèmes durables en imitant les communautés naturelles (à la fois végétales, animales, microbiennes…), qui sont durables et adaptées aux contraintes locales », définit en préambule le CGDD.

Cette approche éco-mimétique implique que l’on connaisse parfaitement le fonctionnement des éco-systèmes dans la nature en vue de pouvoir les répliquer.

C’est pourquoi le ministre a confié une mission à Marion Guillou, présidente de l’établissement public de coopération scientifique Agreenium, afin d’identifier les éléments et fonctionnalités qui « serviront à construire les itinéraires agricoles de demain ». Les instituts de recherche publics, tels que l’Inra, l’Irstea et le Cirad, inscriront l’agro-écologie comme priorité dans leurs programmes de recherche et appels à projets. De plus, « l’agro-écologie sera placée au cœur des contrats d’objectifs entre l’État et les instituts techniques agricoles, qui seront signés mi 2013 ».

Au-delà des belles intention, l’argent comme toujours dans les politiques publiques est le nerf de la guerre. Nous attendons maintenant de Stéphane Le Foll qu’il monte au créneau à Bruxelles et défende son plan au niveau de l’Europe pour que le futur budget de la PAC lui permette de financer la transition de l’agriculture française vers l’agro-écologie et en faire comme il le souhaite le pays leader en Europe.

Car sans incitation et contre-parties financières on voit mal  les agriculteurs abandonner leur mode de production actuel faisant la part belle aux intrants chimiques.

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Nous inaugurons ici une rubrique à propos des élections présidentielles en publiant ci-dessous un extrait du programme d’Eva Joly dévoilé ce week-end à Roubaix.

Cela concerne la politique agricole de la candidate d’Europe Ecologie les Verts. Nous tâcherons d’interroger les programmes des autres candidats pour voir ce qu’ils proposent en la matière.

Nous ne pouvons qu’approuver l’ensemble de ces mesures et notamment celle qui prévoit l’instauration de 100% de produits bio dans les cantines scolaires.

On note toutefois que rien n’est dit sur le financement de ces mesures et notamment sur la PAC. Or sans une refonte complète de la PAC et une réorientation des fonds européens vers une agriculture plus durable, on voit mal comment une telle politique pourra être mise en oeuvre.

En un demi-siècle, les lobbies de l’agro-alimentaire ont rendu notre nourriture trop grasse, trop salée, trop sucrée. Les enfants, matraqués par la publicité, prennent de plus en plus tôt des habitudes de “mal-bouffe”. De leur côté, des agricultrices et des agriculteurs deviennent malades des pesticides, et celles et ceux qui veulent se lancer dans l’agroécologie peinent à trouver des terres. Sous prétexte de “nourrir le monde”, l’Europe empêche les cultures vivrières de se développer dans des pays du Sud. Dans le même temps, ses importations accélèrent la déforestation et la crise climatique. Il est temps pour la France d’adopter un nouveau modèle agricole et de défendre en Europe une Politique Agricole Commune permettant l’accès à une alimentation saine et diversifiée, accessible à toutes et tous, produite par des paysans plus nombreux, équitablement rémunérés, et travaillant dans un environnement préservé.

1 Une alimentation saine passe par le développement de l’agriculture biologique, dans le cadre de la conversion générale vers l’agroécologie. Sur le modèle de la loi SRU, les collectivités seront incitées à convertir au minimum 20% de leurs surfaces agricoles utiles à l’agriculture biologique d’ici la fin du quinquennat. L’objectif doit

être de permettre, dans un premier temps, une alimentation 100% bio dans les cantines de nos enfants, pour les crèches et les maternelles d’ici la fin du quinquennat.

2 Un plan national de prévention de l’obésité sera élaboré : les seuils de qualité pour l’agroalimentaire seront renforcés, la publicité encadrée. Une campagne permanente d’information et de sensibilisation à l’équilibre alimentaire et à l’activité physique sera entreprise.

3 L’objectif de réduction de 50% des pesticides d’ici 2018, issu du Grenelle de l’environnement, deviendra prioritaire. Mais il ne peut s’agir que d’une étape. L’horizon que l’on doit se fixer, pour et avec les agriculteurs, c’est la sortie des pesticides en une génération.

4 Pour mener une vraie politique de développement territorial agricole en faveur de l’emploi, de l’environnement, des productions de qualité et des circuits courts, une réforme foncière doit être engagée. La priorité ne sera plus donnée à l’agrandissement et à l’hyper-industrialisation. L’artificialisation des terres agricoles sera fiscalement découragée.

Pour en savoir plus: Le projet présidentiel d’Eva Joly

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